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    A LA DÉCOUVERTE DE KISSE RAHAMIM

 

Rabbi Méïr Mazouz

              " Israël doit revenir à ses sources "

Le rabbin Méïr Mazouz représente aujourd'hui la figure emblématique du judaisme tunisien en Israël. Directeur de la yéchiva Kissé Rahamim située à  Bné Brak, il est l'un des quatre membres du Conseil des Sages de la Torah, autorité rabbinique israélienne d'obédience séfarade, présidé par le grand rabbin Ovadia Yossef. Peu avant sa visite en France, il a accordé à Actualité Juive un entretien exceptionnel, le 10 septembre 1998.

Actualité juive : Rav Meir Mazouz, vous étes le Roch Yeshiva de la grande yéchiva Kissé Raharnim située à Bné Brak. Pouvez-nous nous décrire cette yechiva, son esprit, ainsi que l'esprit des fidèles qui y étudient ?

Rabbi Meir Mazouz t La yéchiva de Kissé Rahamim s'attache à retrouver la splendeur passée du judaisme sépharade telle qu'elle était il y a plusieurs siècles au temps de notre Maître rabbi Yossef Karo, rav Hida, rabbi Yéochoua Bessis, et d'autres. Nous perpétuons également l'étude «Yioun» avec l'approfondissement des commentaires de Rachi, des Tossfot et de Maarcha de manière très précise. Nous travaillons à la rédaction d'interprétations originales de textes dans un  style clair et limpide du Talmud.

A.J. Votre yéchiva est-elle spécifiquement tunisienne et y a-t-il des membres qui ne sont pas séfarades ?

R.M. - La yéchiva est fréquentée par des jeunes d'origines diverses telles que tunisiennes, marocaines, égyptiennes, iraniennes, yéménites, éthiopiennes, etc. Dans le passé, deux jeunes achkénazes ont même fait partie de la yéchiva. Aujourd'hui encore, une correspondance se développe avec plusieurs sages achkénazim notamment pour l'élaboration de halakhot et coutumes, etc.

A.J. - La yéchiva Kissé Rahamim est une des plus grandes yéchivot de Bné Brak, quelle est son influence dans la ville et en Israël et par delâ, quelle est l'influence du judaisme tunisien en Israël ?

R.M - L'importance de la yéchiva ne se situe pas en termes de quantité mais au plan qualitatif. Chacun sait à Bné Brak que chez nous, l'enseignement est puisé à  la source et pas  comme dit le Traité de Brakhot ( 43,2) «Tlai al gabbé tlai» ( qui signifie, «un rapiècement sur un autre rapiècement»). La yéthiva de Kissé Rahamim est le centre du judaisme tunisien en Israël. Ceci dit, dans les cas où des enseignements qui viennent d'ailleurs seraient plus fondés,  il est clair que nous les adoptons. Comme l'explique Rambam «reçois la vérité de celui qui l'a dite». Un exemple, la prononciation de la lettre «B» (sans daguesh) prononcée comme un «V» français: c'est quelque chose qui s'est perdu dans toutes les communautés orientales mais qui a été préservé chez nos frères achkénazim et chez les Yéménites.

La méthode marocaine d'étude du Talmud est aujourd'hui identique à la méthode achkénaze 

A.J. : De quelle façon le judaïsme tunisien se distingue-t-il des autres courants séfarades ?

R.M. : Il n'y a aucune différence entre le judaisme tunisien (ou séfarade en général) et achkénaze. Mais

chacune de ces communautés a oublié une partie de ses traditions alors que Tunis et Djerba ont été plus

 conservatrices que d'autres en ce domaine. Regardez par exemple les sages du Maroc : aujourd'hui leur méthode

d'étude du Talmud est identique à la méthode achkénaze. Cela est par ailleurs vrai dans presque toutes leurs yéchivot.

On ne voit nulle part la recherche profonde de la préoccupation de Rachi, du Méarcha ou encore de Maharam Chif

 quand ils s'expriment. Les écrits des sages d'Algérie sont presque déjà oubliés et il en est de même, pour ceux de Libye. Bref, la majorité des communautés séfarades n'a pas conservé la tradition de ses pères et ceci pour différentes raisons (leurs enfaonts avaient souvent été scolarisés dans les écoles de «I'Alliance»). A ce titre, les Juifs djerbiens sont une exception car non seulement ils ont farouchement combattu l'influence de la culture francaise, mais ils ont aussi conservé le goût merveilleux de la méthode tunisienne d'étude du Talmud appelée «yioun tounsi», tout à la fois méthode d'étude et méthode de prise de décisions halakhiques.

A.J.  La communauté juive tunisienne est importante en France. Comment doit-elle se comporter et existe-t-il des relations entre votre yéchiva en Israël et la communauté juive de France. N'y aurait-il pas des moyens d'approfondir ces relations

R.M.  la communauté tunisienne de France doit bien entendu préserver ses coutumes qui sont plus précieuses que l'or fin et notamment celle de lire la paracha de Michpatim en deux semaines (quand l'année est embolismique et que le jour de Roch Hachana tombe un jeudi). Pour ce qui est des questions qui nous sont posées par des juifs de France, la réponse est en général renvoyée dans les jours qui suivent. Nous avons également une association Kissé Rahamim à Sarcelles, présidée par le docteur Alain Haddad, et animée par Monsieur Cohen-Solal, le rabbin Inoun Mazouz et d'autres personnes encore.

        Nous publions également un calendrier élaboré par des élèves de la yéchiva qui étudient les lois du calcul du calendrier, (apparition de la lune, cycles solaires, soit des matières qui ne sont enseignées dans aucune autre yéchiva de notre géneration). Ce calendrier est envoyé en France. De méme, chaque fois qu'un ouvrage est édité, il est systématiquement diffusé en France.

A.J. - il est établi que de nombreux jeunes séfarades qui sortent des écoles juives de France entrent dans des yéchivot d'1srael après le bac ou après quelques années passées dans des yéchivot françaises. La plupart d'entre eux ne vont pas à Kissé Rahamim. Quelle en est la raison ?Est-ce que la Yéchiva doit s'organiser pour les accueillir ou non ?

R.M.  Il existe malheureusement une attitude négative dans le monde des yéchivot contre Kissé Rahamim car celle-ci ne suit pas la voie classique adoptée par nos frères lituaniens. Il y eut dans le passé une guerre ouverte contre le rav Ovadia Yossef qui est celui qui a forgé le judaisme séfarade et dans la foulée contre la yéchiva. Aujourd'hui à l'inverse, on agit à visage découvert contre Kissé Rahamim et de façon plus feutrée on combat rav Ovadia Yossef mais cela ne leur réussira pas. A la fin, la vérité triomphera par des voies pacifiques et non par des chemins hostiles.

A.J.  Est-ce que vous encouragez les Juifs de France à faire leur Alya ?

R.M. : Non en ce qui concerne les dirigeants communautaires et les rabbanim, mais oui pour les autres. Malheureusement, nous observons tous que l'assimilation en Europe atteint des proportions inquiétantes, parfois de 50 à 80 % des populations juives, que D-ieu nous en préserve.

A.J.  Avez-vous par ailleurs un message à faire passer aux Juifs de France ?

R.M. De lutter contre l'assimilation, de rester unis et de fixer des moments pour l'étude    de la Thora.

Quand les laïcs sauront honorer les sages d'Israël, plus rien ne sera insurmontable.

A.J. Un problème se dessine aujourd'hui en Israël, celui de la relation entre les laïcs et les religieux. Quel est votre point de vue ?

R.M. Nous répondons chaque jour à ce sujet: dans notre prière nous disons " Pardonne-nous ô Père! car nous avons péché ". Les lettres " sélah ", " s " comme Séfardim, " l " comme Lituaniens, " h " comme Hassidim.Si nous éliminons la haine gratuite et la discorde parmi les juifs observant la Tora et les mitsvot, ceci aura une influence bénéfique sur les " laïcs " qui se rapprocheront de la Tora et alors le machiah viendra obligatoirement. Comme le dit le Rambam  " la Thora nous a garanti

que tout le peuple d'Israël fera téchouva à  la fin de son exil. (hilkhot  téchouva)

Quant aux juifs qui n'observent pas les mitsvot, cela est dû au fait qu'ils n'ont jamais gouté à la Thora. Le Roi David a dit :

" Goutez et Voyez que D-ieu est bon, heureux l'homme qui se réfugie en lui ". il faut donc goûter et ensuite juger.

A.J. L'Etat d'Israel peut-il perdre son caractère juif ?

 R.M.  le peuple d'Israël n'a jamais renié ses origines, bien au contraire. Nous constatons de nos yeux le retour à la Thora de centaines de milliers de nos frères.- Qu'ils soient encore plus nombreux ! Concernant la perte identitaire en Israël, il

y a effectivement un grand risque. Ainsi un Million de juifs ont récemment émigré en Israël. Or près de 50 % d'entre eux ne sont pas juifs.

A.J. Pensez-vous aujourd'hui qu"il devrait y avoir une séparation entre l'Etat et la religion ?

R.M. L'avenir du pays est qu'il se place sous le joug ou plus exactement se laisse séduire par le charme de la

Thora. Depuis longtemps la phrase de Ben Gourion selon laquelle " Israël est un pays de droit " ne trouve plus

acquéreur. Soit dit en passant, " pays de droit " prononcé à l'achkénaze se dit "médina s'-hok "

(pays d'amusements), car une loi qui s'oppose à ses racines ne peut perdurer.

A.J. : Pensez-vous que le conflit entre  laïcs et religieux est subordonné au problème du processus

de paix ?

R.M. : Non. le conflit ne dépend pas du processus de paix. Les laïcs voient avec inquiétude la population prati-

quante augmenter. Ils oublient qu'il y a à peine deux générations, 95% du peuplejuif observaient la Tora et

accomplissaient les mitsvot. C'est par leur mérite que le peuple juif est encore vivant.

A.J. : Quelle est votre position au sujet du processus de paix et du problème des territoires ?                                                      

R.M. : La paix est quelque chose de très important. Aussi faudrait-il qu'elle soit une paix réelle et durable. Il n'est pas concevable que des milliers d'Arabes travaillant en Israël retournent quotidiennement sains et saufs chez eux et qu'un Juif qui se serait aventuré dans leurs territoires n'en  revienne pas vivant, à D-ieu ne plaise. Si les choses doivent être ainsi, il est préférable de conserver chaque pouce de terrain. L'assassinat: à Hébron du rav Raanan (zatsal) vient une fois de plus nous éclairer au cas où il subsisterait un doute sur la question.

A.J. : D'après vous, quelle politique devrait adopter le ouvernement actuel en Israël aussi bien au niveau extérieur (processus de paix) qu'au niveau interne (crise identitaire et relation entre les différentes communautés israéliennes ) ?

R.M.  L'Etat d'Israël doit revenir à ses sources. Il faut honorer l'héritage de nos pères. Le processus de paix consiste à établir la paix avec des personnes pour qui une parole est une parole et non pas à se fonder sur des garanties américaines.

Le conflit identitaire et les relations entre communautés trouveront leur solution si l'on se réfère à la Thora et aux décisions halakhiques. Ainsi, il sera possible de tout régler. Quand ils sauront honorer les sages d'Israël comme il se doit, plus rien ne sera insurmontable. Tout pourra étre réglé avec l'aide de D-ieu.

 

Propos recueillis par Laêtitia Enriquez

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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